L’inconformiste,
quelques notes sur la démarche de Pascale Weber
« L’unique confession sincère est celle que nous faisons indirectement — en parlant des autres. » E. M. Cioran, De l’inconvénient d’être né.
[…] La vie animale montre parfois d’ingénieux subterfuges où l’homme a pu trouver quelques sujets d’inspiration, et j’ai presque envie de chercher dans les mœurs bizarroïdes d’un crustacé certaines similitudes avec le comportement artistique de Pascale Weber*: « Les crabes oxhyninques ajustent sur leur carapace des algues, des dépouilles de menus animaux morts, des graviers, des tessons. »(Roger Caillois, Esthétique généralisée, Gallimard,1962, р. 23.) |
Pascale Weber, en effet, ne repart jamais bredouille des diverses maisons où, pour un temps variable, elle a été hébergée, mais si les objets, plutôt hétéroclites, s’entassent dans la valise que l’artiste transporte partout avec elle, sorte de cabinet de curiosités portatif, c’est en raison de la générosité de ses hôtes, qui tiennent à lui laisser des souvenirs — parfois encombrants ou insolites-, et non d’un souci artistement kleptomaniaque. Cette fameuse mallette bleue, je l’ai aperçue, un soir, chez Johanna (jeune étudiante improvisée logeuse), mais comme je n’ai pas voulu la fouiller — c’est tout juste si j’y ai jeté un œil furtif —, il m’est difficile d’en faire le sujet de cette espèce de commentaire, aussi me rabattrai-je sur ses photographies, un autre aspect de ses pseudo-larcins.[…] Gilbert Pons, Vidéoformes, 2004