4 m2 (Nantes, 2005)
Une résidence à Nantes (Borderline/ Love expérience) me donne l’occasion de faire mon nid dans un commissariat de police désaffecté. Soit un tapis carré de deux mètres sur deux mètres, fait de bric et de broc, d’une couverture, d’un coussin cousu contre, d’un morceau de moquette, avec ce que je trouve sur place, qu’on m’apporte, qu’on me donne, que je glane, raccommodé, posé au sol: vous avez devant les yeux mon royaume. C’est un espace mille-feuilles. C’est une habitation de nomade réduite au plus strict nécessaire : qu’est-ce qui nous est vraiment nécessaire ? une cruche d’eau, un bol, un duvet plié, un livre, un cahier, un crayon ? Autour du tapis, une cloison légère et mobile, comme un paravent, fabriqué pareillement, dessine les murs sur trois côtés. Dans la journée, les personnes, les couples d’amoureux ou les familles peuvent entrer dans ce territoire domestique minimum, et pour une courte duree, atin de laisser la place aux autres demandeurs d’asile, je les héberge sur mon territoire. Au mur, deux films vidéos présentés sur deux petits écrans de 15 cm X 10 cm : ce sont des sortes de curseurs évoquant la ligne verticale et la ligne horizontale: La première vidéo montre une femme balayant parallèlement au bord inférieur du cadre. La seconde vidéo en vue aérienne montre une femme lavant le sol parallèlement au bord vertical du cadre de l’écran. Les deux films tracent alors les deux dimensions de la surface carrée du tapis. Espace réduit au strict nécessaire matériel, mais n’est rien de vraiment nécessaire. Vertige, Malaise.
Curiosité et hasard, les boxes des urgences de Nantes où j’échoue font eux-aussi 4m2. Mes effets personnels sont mis dans un sac plastique au pied du brancard, pour plus de commodités… le sac est presque vide.
4 m2 (Nantes, 2005)
A residency in Nantes (Borderline/ Love experience) gave me the opportunity to make my nest in a disused police station. It’s a square carpet measuring two metres by two metres, made from odds and ends, a blanket, a cushion sewn against it, a piece of carpet, whatever I can find on the spot, what people bring me, give me, glean, mend and lay on the floor: you’re looking at my kingdom.
It’s a multi-layered space. It’s a nomad’s dwelling reduced to the bare essentials: what do we really need – a jug of water, a bowl, a folded duvet, a book, a notebook, a pencil? Around the carpet, a light, movable partition, like a screen, made in the same way, forms the walls on three sides. During the day, individuals, couples or families can enter this minimal domestic territory, and for a short time, to make room for other asylum seekers, I accommodate them on my territory. On the wall, two video films presented on two small screens measuring 15 cm x 10 cm: they are a kind of cursor evoking vertical and horizontal lines: the first video shows a woman sweeping parallel to the lower edge of the frame. The second aerial video shows a woman washing the ground parallel to the vertical edge of the screen frame. The two films trace the two dimensions of the square surface of the carpet. The space is reduced to the bare essentials, but nothing is really necessary. Vertigo, discomfort.
Curiosity and chance, the emergency cubicles in Nantes where I end up are also 4m2. My personal belongings were placed in a plastic bag at the foot of the stretcher, for convenience… The bag is almost empty.